Le texte d’un chant a toute son importance, que ce soit dans la variété ou dans l’opéra. Il apporte des émotions, relate l’histoire des personnages et transmet un message. Pour l’interprète, il est donc important d’avoir une bonne prononciation afin que chaque mot soit audible. En chant lyrique, la puissance et la hauteur des notes aiguës rendent cet aspect particulièrement contraignant. Heureusement, il existe des astuces pour prononcer correctement le texte d’une chanson tout en apportant des notes haut perché agréables à l’oreille.
Le rapport étroit entre le texte et la musique d’un chant
Vous pensiez qu’une chanson n’était qu’un assemblage de mots et de sons aléatoirement juxtaposés ? En vérité, le travail d’un parolier est assez identique à celui d’un compositeur, dans la mesure où il doit entendre chaque mot choisi de façon à ce qu’il s’accorde à la mélodie. C’est un art complexe, qui dépend notamment de la langue privilégiée. Ainsi, l’opéra a longtemps favorisé la langue italienne, jugée plus appropriée et plus harmonieuse, jusqu’à ce que Mozart lui-même décide d’utiliser l’allemand dans ses textes et offre à cette langue ses lettres de noblesse.
La musicalité du langage repose sur l’alternance des voyelles et des consonnes. Une langue riche en consonnes, comme l’allemand ou ses dérivés germaniques, aura tendance à être plus agressive à l’oreille, plus percutante. Les langues latines à l’image de l’italien, de l’espagnol et du portugais, offrent des intonations beaucoup plus roulantes, notamment au niveau des consonnes. D’ailleurs, pour bien chanter en langue étrangère, il est recommandé de connaitre a minima la prononciation des phonèmes les plus utilisés afin de bien restituer les sonorités du morceau.
La prononciation des voyelles aiguës en chant lyrique
S’il existe différentes prononciations pour chaque consonne, le véritable point clé dans un texte s’applique aux voyelles, car ce sont ces dernières qui rendent les paroles intelligibles ou non. Elles sont très utilisées pour les exercices d’échauffement pendant les cours de chant, et sont évidemment récurrentes dans toutes les mélodies car elles portent le son. C’est par la voyelle que le souffle fait vibrer les cordes vocales. Elles sont des liens entre les consonnes de la langue, et portent aussi l’émotion du morceau.
En chant lyrique, les voyelles ne se prononcent pas toujours de la même façon, et c’est d’autant plus le cas pour les aigus. Lorsque la puissance et la justesse demandées sont importantes, des ajustements sont nécessaires pour pouvoir exprimer les bons mots sans perdre en qualité vocale.
On différencie les voyelles selon deux critères :
- le placement de la langue dans la bouche, antérieur ou postérieur;
- la qualité de la voyelle elle-même, ouverte ou fermée.
Par exemple, un « a » qui est une voyelle postérieure, placée à l’arrière de la bouche, peut être placée plus en avant de façon ouverte, ou de façon très fermée et bien en arrière. Lorsqu’un chanteur lyrique se place dans les aigus, il modifie les voyelles de façon à ne pas les placer trop en avant, ce qui produirait un son désagréable. Le « a », dans ce cas, tendra vers une position plutôt postérieure, et le « i » vers le « u ».
Pour comprendre ce phénomène, échauffez votre voix et entamez quelques notes aiguës sur les différentes voyelles. Portez une grande attention au placement de votre larynx et de votre palais : sentez-vous la modification lorsque vous passez du « a » au « o », du « i » au « u » ? La langue s’aplatit vers le fond de la bouche, ce qui offre un passage plus important au souffle. De la même façon, le « ou » étant une voyelle fermée, elle est plus difficile à prononcer dans les aigus et tend plutôt vers le « u », qui est ouvert. Votre voix devrait être plus confortable et plus jolie en modifiant ainsi les voyelles.
Les consonnes apportent également de la structure au chant
Pas question de laisser les consonnes de côté après ce travail ! Si elles interviennent moins dans la qualité du son produit, elles constituent de vrais remparts pour structurer la mélodie et le chant. Les consonnes bénéficient d’un autre atout : leur prononciation influe sur l’émotion transmise. Des consonnes rudes et saccadées accentuent la colère, tandis que des consonnes traînantes ou effacées laissent juger de la tristesse ou de la douceur.
En conclusion, le travail de la prononciation en chant lyrique est essentiel, surtout dans les notes aiguës et difficiles à tenir. Les voyelles postérieures apportent de la gravité, et sont à privilégier dans les aigus pour éviter le son criard, quitte à modifier légèrement la sonorité de la voyelle. En contrepartie, veillez à bien articuler les consonnes pour que le texte reste le plus compréhensible possible pour vos auditeurs.